Elenwë. Ma chère sœur...
Cela fait longtemps que je ne t'ai pas écrit. Pardonnes moi. Pardonnes moi pour tout...
J'ai fait des erreurs...Trop. Des mauvais choix qui m'ont conduit a ma perte... Ici, il n'y a pas de noir et pas de blanc. Pas de bien et pas de mal. Tout se mélange pour former ce qu'ici on appelle la vie. Je ne sais plus ce que c'est réellement...
J'ai du faire un choix, encore. Tellement douloureux qu'une partie de moi est morte a présent. J'y laisserais peut-être plus que ça.
J'ai choisi mon cœur et mon âme. Peut-être le comprendra-t-il... Mais qu'adviendra-t-il... J'ignore tellement de chose...
C'est la seule lumière qu'il me reste. La seule solution qui pourrait me sortir de cet Enfer si doux comparé a ce qui m'attends. La réalité n'a pas repris de sens a mes yeux, malgré tous les soins apportés, tous mes efforts...
J'ai tout perdu et j'ai aussi brisé la vie d'autres personnes. Il ne reste que toi et mes trésors. Peut-être un jour pourras-tu les récupérer. La où reposes l'histoire de nos monde...
Je n'ai plus aucun espoir. Tout se jouera cette nuit.
Je t'aime Elenwë. Puisses-tu être fière de moi malgré tout. Puisses-tu me pardonner à jamais pour tout ce mal...
*Elenwë froissa la lettre. Daedîn n'avait même pas pris la peine de signer. Cela ne lui ressemblait pas. Cette lettre était un trop mauvais présage pour qu'elle puisse ainsi rester de marbre. Son regard de jade se tourna vers les bruits de pas qui se rapprochaient. Avec une faible lueur d'espoir, elle regarda l'elfe en tunique blanche qui sortait de la chambre, le visage sans expression. Il la regarda et secoua lentement la tête. L'elfe perdit son sourire. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'elle était devenue impuissante face à cette malédiction qui s'abattait sur sa famille. Car elle ne pouvait croire que sa mère se laissait mourir de chagrin. Elle avait été touché par la mort de son fils, puis de son époux et à présent, voilà que Daedîn, que tout le monde ici appelait Niniel, ne donnait pratiquement plus de nouvelles. Undumë avait des talents de prophète et sa récente "maladie" était vu comme annonciatrice de malheur. Elle avait refusé de dire ce qu'elle avait vu et se laissait simplement aller à la mort. Le savoir des elfes guerrisseurs impuissant face à ce mal qui la rongeait était insupportable pour Elenwë.
Celle-ci avait suivi cette même voie depuis déjà plus de trois siècles. Elle approchait déjà de la fin de son quatrième et était à présent parmi l'élite du village. Tous les espoirs qui avaient été reposés sur les épaules de sa jeune sœur s'étaient à présent tourné vers elle. Mais elle ne l'entendait pas ainsi. C'était elle qui l'a mettait toujours en garde : La haine et la guerre ne mène à rien d'autre que la mort et la souffrance. La prêtresse en avait assez de voir ses amis se faire décimer par les raids incessant, mais elle savait que pour leurs ennemis, il en était de même. Aucun n'arrêterait et par conséquent : Aucun n'était meilleur que l'autre.
Ce qui la préoccupait le plus pour le moment, c'était Daedîn. Elle était au courant du plan des Leithian et du parcours qu'avait suivi sa sœur avant que celle-ci ne "change" et elle était bien décidée à la retrouver pour connaître enfin la vérité. Par la même, cette visite du royaume des humains lui permettrais de parfaire ses connaissances divines et de revenir au village plus riche d'esprit que nombre d'entre eux. Après en avoir parlé au conseil, ils lui donnèrent leur approbation avec pour charge de les informer régulièrement des progrès du clan formé par sa soeur, ou du moins, de ce qu'il en restait. Elenwë ne se fit pas prier. Elle accepta leur requête et demanda d'avoir également des nouvelles de sa famille.
Ceci fait, elle partit au chevet de sa mère qui gardait le silence. Elle l'embrassa sur le front puis la laissa a sa mortelle agonie. Enfin, elle fit une longue prière au temple d'Eva afin que les Dieux l'accompagnent dans sa quête ardue. Les prêtres l'équipèrent du mieux qu'ils pouvaient et la bénirent avant son départ.
Elle posait une dernière fois son regard sur l'arbre mère et s'en alla pour la cité humaine de Giran, là où sa sœur avait écrit pour la dernière fois...*