[BG] Alia

Une fois encore Alia sillonnait la campagne à la recherche de quelque âme à voler, mais une fois encore le cœur n’y était guère. Depuis des mois déjà une foule de questions assaillaient son esprit, depuis des mois celles-ci l’empêchaient de se concentrer.

« Ce ciel, mon dieu ce ciel, cette obscurité permanente, ce brouillard qui s’étale à perte de vue. Ni a t’il donc rien d’autre pour nous ? Est-ce donc cela dont sera faite mon existence jours après jours ? Suis-je condamnée à jamais à vivre ainsi, recluse sur ce petit morceau de terre au milieu de l’océan alors qu’un petit nombre d’entre nous, dont je fais partie, a pu un jour mettre le pied sur une nouvelle terre.»

« Oh toi Nornil, notre mère à tous, toi qui est le passé, le présent et le futur, ne peux tu apporter réponses à mes questions ? Ne peux tu me dire si mon peuple ne mérite pas un autre avenir ? Si toute ma vie je devrai rester en ces lieux et me contenter de simples raids sur les côtes de cette terre inconnue ? »

« Ces âmes que je m’efforce de récolter sont bien fades comparées à celles qu’il m’a été donné de ressentir, les âmes de ces êtres qu’il m’a été donné de voir il y a de cela quelques mois. Humm.. Que leur force est grande, pleine de vitalité et de vie, quel délice cela serait pour moi de les goutter, de les sentir m’envahir tout en me redonnant force et puissance. Mais sans doute est ce la un vain espoir, un rêve qu’il ne me sera jamais permis de réaliser.»

« Encore une fois mes pas vont me conduire vers notre Grand Hiérarque, encore une fois je vais lui demander à être autorisée à gagner le continent, encore une fois il refusera. Et pourtant depuis qu’il m’a été donné de fouler le sol de cette terre nouvelle, je ressens le besoin de l’explorer, de la découvrir, de goutter à toutes ses âmes nouvelles. Que faire ? Pourquoi donc m’a-t-il choisi pour l’accompagner ce jour la ? Pourquoi m’a-t-il fait découvrir cette contrée inconnue pour moi, si je ne peux à nouveau y retourner »

« Je me demande si les autres, les quelques rares élus qui eurent, comme moi, la chance de le suivre lors de ce raid et d’être confrontés avec les représentants de ces autres races, ont ressentis la même chose que moi. Sont il également submergés par leurs souvenirs, par ces images d’une aurore matinale, d’un ciel bleu qui commence à naître, par les étoiles qui brillent dans la nuit, par la diversité des ces êtres dont je ne connais rien, par l’attrait de leur âmes. Pourquoi m’a-t-il choisi pour faire partie de sa suite ce jour la. Pourquoi ? Pourquoi ? »

Alors que ses pas la conduisaient toujours au hasard dans la campagne environnante, une lueur de colère se dessina dans ces yeux, les faisant briller encore plus, leur donnant un éclat encore plus rouge qu’a l’accoutumée. Une colère si forte qu’elle ne pu s’empêcher de hurler.
Cette colère qui venait de naître en elle se transforma bien vite en rage. Une rage si forte, si puissante, que sa récolte d’âmes ce jour la, fut inespérée. Il lui en fallait encore et encore, sa soif était maintenant devenue presque intarissable. Mais dans cette rage qui l’avait envahi corps et âme, cette rage qui la poussait à chercher encore plus de victimes, elle n’avait pas remarqué quelle était revenue sur ses pas. Elle se trouvait non loin de la cité lorsqu’elle se mit à nouveau hurler sa colère.

« Regarde Kekropus, regarde bien la récole d’âmes que je viens de faire, ne suis-je pas aussi méritante que les autres élèves ? N’ais je pas le droit comme eux de servir Nornil en partant la découverte de ce nouveau territoire ? N’ais je pas le droit d’avoir ma chance, celle d’ouvrir la voie à notre peuple vers des âmes nouvelles ? Ne sommes nous pas, Kekropus, une race de guerrier ? Comme bien des nôtres, j’ai appris à manier l’épée, ce que certain appelle la rapière. Comme bien des nôtres également, je suis lasse de gaspiller ce précieux enseignement contre de simples animaux qu’il est si facile de subjuguer. Il me tarde de mettre à l’épreuve nos techniques ancestrales contre des adversaires dignes de ce nom. Le défit que de vaincre ces êtres ne rendra que plus douce et plus agréable l’absorption de leurs âmes, de la force qui habite celles-ci. M’entend tu Kekropus, m’entends tu toi qui est Grand Hiérarque ? Au diable qu’une fois encore tu me refuses le droit de quitter ce sol, ma décision est prise, que tu le veuilles ou non bientôt je foulerai les terres de ce royaume que l’on nomme Aden. Bientôt, ces âmes nouvelles me rendront plus forte, plus puissante et si notre mère Nornil est avec moi, si elle se montre généreuse, j’aurais la chance d’accomplir ce que tous nous recherchons, ce que tous nous espérons…. Recouvrer enfin le pouvoir de voler dans les cieux. Tel est notre envie, tel est notre désir à tous, tel est l’avenir que je souhaite pour notre peuple. Il est temps de prendre notre destin en main Kekropus. Il est temps que nous devenions ce que nous devrions être, les seigneurs du ciel, les anges aux ailes noires, les grands moissonneurs d’âmes que jamais nous n’aurions du cesser d’être. Il est temps que nous partions à la conquête de ce monde qui maintenant s’offre a nous. Il est temps de montrer la voie à nos frères. Le moment est venu pour nous Kamaels de quitter cette île qui bien trop longtemps fut notre refuge. Le moment est venu pour que commence enfin l’ère des Kamaels.»

Sa colère était si grande, si profonde, si envahissante qu’elle ne s’était même pas aperçue de la proximité de la cité. Comment dès lors aurait elle pu se douter que d’autres oreilles que les siennes entendraient ses paroles.

« Que de haine et de colère jeune dame, je ne pensais pas qu’une si jeune personne puisse avoir autant de rage à l’encontre de celui qui nous gouverne »

Elle se retourna d’un geste vif, pointant sa rapière vers celui qui se tenait la devant elle.

« Souhaites tu vraiment me tuer pour me menacer de la sorte ? Souhaites tu vraiment goutter a l’âme de l’un des tes frères »

Il était grand, très grand, le visage dissimuler par un capuchon de moine, le corps envelopper dans une cape. Elle aurait du le reconnaître… Elle aurait du immédiatement savoir qui se dressait ainsi devant elle, mais cette colère qui ne la lâchait pas, avait obscurci ses pensées.

« Bien sur que non, pardonnez moi » Baissant sa garde

« Il est rare que les nôtres souhaitent à ce point quitter cette île, ne sommes nous pas bien ici ? Cette obscurité, cette brume nous protège, pourquoi donc vouloir fuir cet endroit qui est le tien ? Laisser tes amis, ta famille, tes proches, pour cette aventure si risquée ? »

« Il fut un temps ou je pensais comme mon père que la rédemption nous viendrait des dieux. Il fut une époque ou, comme lui, je cherchais leur pardon, mais rien n’est venu. Qu’importait à mes yeux que cela tarde et tarde encore, ma foi me guidait… Mais un jour il me fut donné de fouler pour quelques heures cette nouvelle terre, et cela m’a changé. J’ai pu ressentir la force et la puissance que pourrait nous procurer ses âmes nouvelles. Je suis convaincue que notre peuple devrait profiter de cette chance qui nous est offerte, de ses âmes qui sont à portée de nos mains, si tentantes. Je ne sais trop pourquoi, mais je pense que c’est sur cette nouvelle terre, qu’enfin nous retrouverons ce que nous avons perdu. »

L’homme tourna les talons comme si il en avait assez entendu, fit quelques pas vers la cité, puis marqua une pose dans sa marche.

« Souhaites tu quitter cette cité pour toi-même ou pour aider notre peuple ? Si tu trouves ce que tu recherches reviendras tu en faire part au grand conseil ? »

« Je souhaite partir oui, pour moi-même et pour le bien de notre peuple. Si Kekropus m’accorde ce droit et que Nornil, dans sa grande bonté, guide mes pas vers le chemin qui refera de nous ce que nous étions, alors oui je reviendrai »

« Très bien jeune fille si tel est ton choix. Maintenant regagne la cité et va te préparer. Kekropus te donnera son accord »

« Jamais il ne le fera, plusieurs fois déjà je lui ai demandé et à chaque fois il a refusé »

« Mais jamais jeune fille tu ne lui as expliqué pourquoi ce désir de partir était si intense et jamais tu n’avais mis tant de zèle dans ta quête d’âme qu’aujourd’hui.»

« Comment pouvez vous savoir cela ? »

L’homme se retourna et lentement fit glisser le capuchon qui masquait toujours son visage.

« Kekropus…. » Lança t’elle étonnée et confuse

« Kekropus… Eh oui jeune fille c’est bien moi, maintenant va et prépare toi »