[BG] Stefyron

Stefyron prit une plume et ouvrit le livre vierge. Elle commença à écrire dedans, allez savoir pourquoi, comme si elle parlait d’une personne étrangère alors qu’il s’agissait d’elle…

La jeune drow était allée chercher des herbes pour aider sa mère a faire la cuisine. Elle venait de finir de s’entraîner avec son père alors que sa mère lui avait demandé ces herbes. Tout un coup, elle entendit un bruit sourd, suivit d’un cri déchirant. Elle se retourna violemment et vit de l’épaisse fumée monter de l’endroit où devait se trouver sa maison. Elle lâcha les herbes et courut plus vite que jamais vers les nuages noirs. Arrivée, elle vit un spectacle effroyable : sa maison était en feu, entre les flammes, on voyait encore les poutres qui formaient les coins de la maison et le toit. Stefyron cria les prénoms de ses parents, sans réponse. Elle tomba a genoux en en laissant les larmes couler a flots sur ses joues. Puis, elle entendit les râles d’une personne à l’agonie. Tournant sa tête, les yeux embués de larmes, elle vit la silhouette de sa mère gisant sur le sol et respirant avec difficulté. N’ayant plus la force de se lever, Stefyron rampa vers Eyliha dont le splendide visage était baigné de sang. Elle s’assit près de sa mère aux blessures innommables et, tout en rejetant ses long cheveux blancs et rouges en arrière, elle lui parlait, a voix basse :
« N’aie pas peur, maman, ça va aller… Je suis là… Je vais te soigner… Ne t’inquiètes pas… »
Elle répétait sans cesse ces paroles, et le visage de sa mère semblait se décrisper. Les larmes coulaient toujours sur les joues de la drow, allant s’écraser sur la tête d’Eyliha, posée sur les genoux de sa fille. Alors que Stefyron croyait aux derniers souffles de sa douce mère, celle-ci se réveilla doucement.
« S…Stefyron ? »
Ouvrant ses yeux toujours humides, Stefyron vit que les eyux de sa mère n'étaient plus que mi-clos.
« Maman… Oh, maman… Ca va aller, je vais te soigner maman »
Eyliha sourit un peu et referma les yeux, à tout jamais.
Stefyron se redressa brusquement en hurlant. Elle tourna la tête dans tous les sens, il faisait nuit, elle avait rêvé. Cela faisait maintenant quatre ans que la petite elfe noire avait vécu ce drame, mais elle en rêvait encore, souvent. A chaque fois, ça la ramenait a la réalité : ses parents étaient morts, et elle devait trouver qui les avait tués, pour tuer cette personne, ou pire, tuer devant ses yeux la personne qui lui est le plus cher au monde…..

Le vent s’engouffrait dans la galerie qu’était le Temple de Shillien. Stefyron sentait cet ouragan frôler son dos avec délices : en effet, Stefyron adorait le vent, elle le trouvait si changeant, si puissant, qu’elle voulait pouvoir l’utiliser a des fins magiques.

Elle alla voir le maître en la matière dans le temple qui lui dit qu’elle devrait d’abord lui prouver qu’elle était assez forte pour apprendre à maîtriser une telle force. Il lui dit qu’elle devrait aller tuer un monstre au-delà des montagnes, au delà des plaines, au delà même d’Oren. Elle dut se rendre au village des chasseurs, car le Grand Maître lui avait dit qu’un de ses amis la bas lui avait dit qu’ils avaient besoin d’aide pour terrasser un monstre qui les terrorisait depuis quelques mois.
Elle alla dans le magasin magique parler a cet homme dont lui avait parlé son maître et lui demanda de lui raconter leurs malheurs.
« Il y a un monstre, Damoiselle, un monstre horrible qui vit près du village. Il vient parfois et massacre les gens qu’il voit, détruit les maisons, met a sac les magasins. C’est affreux. Il faut nous aider, nous ne nous en sortirons pas. Nous devons régulièrement reconstruire le village… »

Stefyron écoutait attentivement et, une fois que le vieillard eut terminé, elle se mit en chasse de la chose qui les effrayait tant. Elle alla dans la grotte que lui avait indiqué Mazen et y découvrit une bête énorme et endormie. La bête en question devait mesurer une dizaine de mètres et avait des cornes assez impressionnantes sur le crâne. Stefyron resta devant la créature endormie à se demander comment en venir a bout durant quelques heures. Ensuite, elle sentit quelque chose dans son dos, quelque chose de rafraîchissant… Cette sensation la remplit de plaisir, elle comprit alors qu’elle devait laisser le vent pénètre dans son esprit et incanter un sortilège pour qu’une boule de tornade vienne frapper le monstre et le tuer.
Elle exécuta l’acte magique qui lui demanda énormément de forces et finit par lancer la boule tournante sur le monstre. Il poussa un cri déchirant et mourut.

Elle revint au village ou la nouvelle avait déjà parcouru le peuple et fut acclamée par tous les villageois. Mazen, l’homme qui avait prévenu que le village avait besoin d’aide, lui remit un parchemin adressé au maître de Stefyron qui disait qu’elle avait parfaitement accompli sa tâche et qu’elle avait toute la gratitude des gens du village. Elle le remercia et se remit en route vers le Temple de Shillien.
Elle arriva quelques jours plus tard et remit le parchemin à son maître. Il la félicita et lui dit qu’elle était prête à recevoir son entraînement. Elle le remercia et alla se reposer ; la journée du lendemain sera éprouvante.
Le lendemain, Stefyron commença a apprendre a maîtriser le vent, elle était chaque jours plus douée. Quelques semaines plus tard, son maître lui dit qu’elle pouvait retourner parcourir le monde et utiliser ses nouveaux pouvoirs. Stefyron était fière : non seulement elle avait réalisé son rêve, mais en plus le jour ou elle pourrait tuer l’assassin de ses parents était de plus en plus proche. Elle sourit à l’idée de les venger enfin et quitta le village des drows.

La douleur. Elle pleurait, et ses larmes brillaient à la lumière du feu. Son sac était près d’elle. Dessus, sa longue cape noire à capuche avait été lâchement jetée. Ses mains étaient posées sur son ventre légèrement arrondi. Arcan naîtra dans quelques mois. Arioch est mort. Son cœur saigne, tellement. La folie enfouie en elle ressurgissait peu à peu. Ses yeux rougissaient de plus en plus. Rageusement, elle prit dans son sac le carnet renfermant son histoire morte. Ses yeux parcoururent les pages, les courbes manuscrites, apprentissage académique millénaire qui s’étalait sur le papier parcheminé. Un élan de colère, un mouvement de poignet et dajà le carnet se consumait dans les dévorantes flammes.

Cette drow, cette inconnue. Elle joue avec le vent, en plein milieu d’une auberge. Stefyron est là, assise dans le coin, enfouie sous sa capuche, voilée par sa cape. Ses yeux transparaissent seuls de l’ombre. Elle regarde mieux. Au fond oui, elle la connaît. Elle aimerait la frapper pour tant d’insolence. Mais elle est drow et Régente de Goddard. Shiva. Stefyron se lève, furtive, parcourt le chemin jusqu’à la porte. Quelqu’un se lève à son passage, mais elle n’y prête pas attention.
Elle marche, dehors. Le drow qui la suit l’attrape par le bras. « Stefyron… » Il parle encore. « Je ne sais pas qui tu es. » Elle se dégage, il la suit. « Sefyron, c’est moi, Naial… » Il essaye de la raisonner, il lui parle de Nyx, il dit être désolé pour Arioch. Elle pleure énormément, de ses yeux à nouveau bleus au nom de son amour, mais disparaît dans un coup de vent. Nyx, je vais te tuer…

La plage de Rune. Arcan est là, allondé sur le sable. Stefyron sourit et s’approche. « Bonjour, Fils… » « Mère ! Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas avec Père ? » « Non, je crois que tu peux être content de toi, ton père n'est plus parmi nous, même s'il sera toujours dans mon coeur. Je regrette tes gestes envers lui, c'est le seul acte que tu aies posé qui ne me rende pas fière de toi.... »
Ils parlent encore un moment, puis la drow prononce une phrase que jamais elle n’eût crû dire. « Je veux la mort de Nyx »

Elle était assise à Giran, pensive. Un drow arriva devant elle, releva sa capuche. « Bonjour mon ange » Elle leva les yeux. Ce visage, impossible ! Elle se releva rapidement. « Mon amour… » Il la serra dans ses bras. Les yeux de Stefyron étaient plus bleus que jamais ces derniers temps. Elle pleurait. Arioch était de nouveau là, son amour éternel. Elle l’avait retrouvé, enfin. Kajik avait tord, le Grand Guerrier vivait. Il l’aimait. Tout allait bien. L’enfant qui naîtrait bientôt s’appellera Ryuu…

Tant de souffrances subies, des heures, qui s’étiraient à n’en plus finir. Jamais elle n’aurait cru que cela générerait une telle douleur. Etait-ce vraiment étonnant, après tout ce temps où elle n’avait pu avoir d’enfant. Elle était épuisée, en sueur. Mais elle était la plus heureuse des femmes. Elle était toujours là haut, sur le toit du temple de Giran. Elle tenait son fils dans ses bras. Elle avait les larmes aux yeux. Elle le regarda tendrement. « Bonjour, Ryuu… » Il ne faisait pas de bruit. Elle ôta précautionneusement le haut de sa robe et donna à son fils son premier repas. Arioch l’aimait, il était vivant, et elle avait hâte de lui montrer son enfant…